Au cours de leur vie, deux tiers des Français sont concernés par des douleurs au cou d’après la Haute Autorité de Santé.

La cervicalgie impacte la nuque dont le rôle est crucial dans notre anatomie. Les lésions ou contractures de cette zone peuvent vite devenir invalidantes. Entre l’atlas, l’axis et le craniocervicum, il y a de quoi s’y perdre. L’équipe Douleur-au-dos.fr reprend le sujet pour vous aider à comprendre les douleurs cervicales et surtout, vous donne des pistes pour prévenir et agir.

Où se situent les douleurs cervicales ? La place centrale du rachis dans l’anatomie humaine

Anatomie des vertèbres cervicales

La douleur au cou concerne une zone qui peut s’étendre de la nuque jusqu’aux omoplates, en passant par les muscles trapèzes.

La colonne vertébrale se compose de vertèbres numérotées. Dans sa zone supérieure se trouve le rachis cervical, situé entre la base du crâne et la première vertèbre thoracique.

Les vertèbres cervicales sont numérotées de C1 à C7 :

  • les deux premières ont un nom spécifique (Atlas pour C1 et Axis pour C2), ainsi qu’une forme et une fonction uniques ;
  • les cinq suivantes appelées C3 à C7 supportent le poids de la tête.

Le rôle crucial de l’Atlas et l’Axis 

L’atlas, ou C1, est la première vertèbre sur laquelle repose l’ensemble de la boîte crânienne. Attachée à l’os occipital, elle sert de pivot à la tête. C’est grâce à elle que nous pouvons effectuer le mouvement d’avant en arrière, comme pour dire oui.

L’axis, ou C2, permet la rotation de la tête. Grâce à une apophyse osseuse, appelée dent, elle est articulée sous l’atlas. L’articulation des deux vertèbres donne la possibilité au crâne de tourner d’un côté et de l’autre, comme pour dire non.

On appelle craniocervicum l’ensemble formé par C1, C2 et l’os occipital, qui donne à notre tête la capacité de bouger sur tous les plans.

L’ensemble du cou autour des vertèbres

Entre chaque structure osseuse se trouve un disque intervertébral. Ce cartilage permet l’articulation des deux vertèbres et joue un rôle d’amortisseur en absorbant les chocs.

À l’intérieur des vertèbres circule la moelle épinière, qui s’occupe de la transmission des messages entre le cerveau et les organes. Elle est protégée par la colonne vertébrale.

Autour, les muscles du cou ont un point d’attachement qui donne au rachis cervical sa mobilité et notamment : 

  • les trapèzes, qui s’étendent de la base du crâne à la 12e dorsale en passant par les clavicules ; 
  • les sterno-cléido-mastoïdiens qui partent verticalement de la base de l’oreille jusqu’à la face interne de la clavicule ; 
  • les muscles paravertébraux, le long de la colonne.

Enfin, 4 os se situent dans le cou :

  • les mastoïdes, protubérances sur lesquelles s’accrochent les muscles sterno-cléido-mastoïdiens au niveau du crâne ; 
  • la mandibule, partie inférieure de la mâchoire expliquant pourquoi douleurs de cou et de dents sont étroitement liées ;
  • l’os hyoïde placé sous la mandibule ;
  • les clavicules, au-dessus de chaque épaule et à la base du cou. 

Cette région du corps, dans laquelle se trouvent aussi des ligaments, des tendons, des vaisseaux sanguins et des nerfs, va supporter quotidiennement tous nos mouvements. 

Des contraintes répétées entraînant des cervicalgies peuvent découler de chacune des structures du cou. 

Quels sont les symptômes des douleurs au cou ? Les signes du diagnostic des cervicalgies  

De nombreux symptômes contribuent au diagnostic de la cervicalgie. 

  1. Les douleurs musculaires du cou

On trouve fréquemment les contractures et tensions musculo-squelettiques à l’arrière du cou. C’est le cas du fameux torticolis, qui peut modifier la posture de la tête et provoquer une limite d’amplitude articulaire. 

  1. Les douleurs au bras ou à la jambe

Un pincement au niveau du disque intervertébral peut provoquer une compression nerveuse. Pour certains, une sensation de diminution de force et de raideur apparaît dans un bras ou une jambe. Pour d’autres, des fourmillements se font ressentir. 

  1. Le cas des névralgies

Elles provoquent fréquemment une douleur vive unilatérale, irradiant l’épaule et le bras. L’explication est l’irritation, par une excroissance osseuse :

  • du nerf brachial, dans le cas d’une névralgie cervico-brachiale ; 
  • du nerf d’Arnold, situé à l’arrière de la tête, remontant vers la gauche et la droite du crâne. 
  1. Les migraines ou maux de tête 

En lien avec une névralgie d’Arnold ou une crispation excessive de la mâchoire, le symptôme des maux de tête, voire des migraines, est rencontré fréquemment chez les patients. 

  1. La fatigue oculaire

Cette fatigue est liée à une utilisation intensive des yeux. Les muscles cervicaux et oculaires travaillent en binôme pour contrôler la position de la tête. Les tâches visuelles soutenues sollicitent fortement les muscles du cou et des épaules. 

  1. La fatigabilité

Un état de fatigue global peut se faire sentir. Les douleurs ayant tendance à s’intensifier la nuit, le sommeil est de moins bonne qualité. Aussi la récupération physique et psychologique est moins bonne. 

  1. Des sensations de vertige

Le lien entre vertige et douleurs au cou est discuté. Les personnes suivies ont fréquemment cette sensation d’instabilité. La compression d’un disque ne suffit pas à déclencher les vertiges, mais ces derniers jouent un rôle de capteur pour la sensibilité profonde qui peut être perturbée. 

  1. Les troubles du contexte traumatique

Dans des cas traumatologiques, certaines cervicalgies s’accompagnent :

  • de troubles de la vision ;
  • de troubles de l’audition ;
  • de troubles de la concentration ou de la mémoire.

Pourquoi j’ai mal à la nuque ? Un trouble aux origines variées 

La mauvaise posture en cause

Dans le cas de douleurs cervicales, on parlera de positions prolongées contraignantes pour les articulations du cou. On peut citer : le travail devant un ordinateur portable, le smartphone, la conduite en voiture.

La mauvaise posture du cou est avérée quand il y a une rupture d’alignement tête-épaules et quand la tête part vers l’avant. Les contraintes sur les vertèbres sont alors trop importantes. 

Il nous reste à comprendre les origines de sa mauvaise posture !

Une faiblesse musculaire et un manque de souplesse

Un manque de renforcement musculaire au niveau des muscles du cou va créer des déséquilibres, à l’origine des douleurs.

Quant au manque de souplesse, la raideur des muscles du cou va faciliter les contractures de cette zone. 

Les origines mécaniques et traumatiques de la cervicalgie

Les torticolis sont les causes les plus fréquentes. Contracture musculaire aiguë, ils font souvent suite à un traumatisme ou sont des résultantes de la fatigue et du stress. 

L’arthrose cervicale survient avec le vieillissement et concerne, la plupart du temps, des adultes au-delà de 50 ans ayant vécu un épisode traumatique. 

L’entorse cervicale, qui est une réponse instantanée à un choc subi sur cette zone du rachis. 

La hernie cervicale est engendrée par un problème de disque. Contrairement aux hernies lombaires, le pincement se fait sur la partie haute de la moelle, provoquant des douleurs dans les bras aussi (et pas seulement des jambes). 

Le coup du lapin (whiplash en anglais, traduit par coup de fouet) est une flexion brutale suivie d’une extension avec un étirement important. Ce choc peut survenir après un accident de voiture par exemple. 

Moins couramment, des cervicalgies relatives à des maladies comme la spondylarthrite ankylosante, la fibromyalgie ou encore certaines tumeurs peuvent apparaître. 

Le stress, amplificateur des douleurs

Mais à lui seul, il n’explique pas les douleurs de la nuque. En agissant sur le système nerveux, il affaiblit l’organisme dans son rapport à la douleur.

Sous situation de stress, l’amygdale centrale joue un rôle dans la sensation de douleur en amplifiant celle-ci par l’intermédiaire de protéine kinase C. À l’inverse, si notre attention est tournée sur autre chose, la somatostatine prend le relai et calme la sensation douloureuse. 

La cause héréditaire probable

Il est difficile d’établir un déterminisme génétique entre hérédité et cervicalgie, car il est très fréquent d’avoir mal au cou. 

Pour autant, dans le cadre de l’usure des disques liée à une arthrose précoce au niveau lombaire, un facteur héréditaire est apparu au niveau de l’imagerie…

Qui et quand doit-on consulter pour une cervicalgie ? Le rapport à la douleur

Douleur aiguë OU douleur chronique du cou

Avant de savoir si une consultation est nécessaire, distinguons deux formes de douleur.

Une maladie, quelle qu’elle soit, devient chronique si elle est de longue durée (3 à 6 mois) et qu’elle évolue lentement. 

A contrario, une douleur aiguë est une douleur vive, qui nécessite une prise en charge rapide, car les troubles associés peuvent être invalidants. 

Consulter pour une cervicalgie

Concernant une douleur aiguë, il est préférable de consulter rapidement. Dans les cas de cervicalgies avérés avec une douleur supportable, ou passagère, il convient de consulter son médecin traitant si elle devient chronique, ou insupportable.

Dans les deux cas, il est important de trouver l’origine du problème pour le comprendre et le traiter.

Les spécialistes des douleurs

Kinésithérapie, médecine, ostéopathie… un grand nombre de professions de santé sont là pour vous aider dans le traitement de vos douleurs.

Le médecin traitant est votre premier interlocuteur. Il vous orientera vers le bon spécialiste en fonction du diagnostic établi sur la base d’un examen clinique. Il assure votre accompagnement et le lien entre les différents professionnels.

Le kinésithérapeute, sur prescription médicale, va travailler sur la musculature, le renforcement et la souplesse. Sa prise en charge est sur du moyen long terme, car devenir musclé et maîtriser ses mouvements demande du temps ! Le rôle de la kinésithérapie est aussi préventif, afin d’éviter les rechutes.

L’ostéopathe intervient en parallèle du kinésithérapeute, pour soulager rapidement une douleur par des manipulations mécaniques. 

Gardez en tête que seul, il est difficile de se débarrasser de ses douleurs au cou. Consultez rapidement un professionnel. Si vous n’avez pas obtenu les réponses que vous attendiez, allez voir quelqu’un d’autre, jusqu’à obtenir ce dont vous avez besoin ! 

Douleurs cervicales : que faire pour les soulager ? Les solutions pratiques

Voici quelques pistes pour soulager vos douleurs cervicales.

Investir dans du matériel de maintien ou de détente

Pour protéger des chocs et donner plus de confort, investir dans un appui-tête peut être utile si vous vous déplacez souvent en voiture. 

L’utilisation occasionnelle d’une minerve peut soulager vos douleurs cervicales. Le but est d’apporter un maintien passager pour aider à la détente. 

Choisir un oreiller cervical adapté à votre morphologie et à votre position pour dormir peut aider. Gardez à l’esprit de conserver une position neutre de la nuque favorisant l’alignement de la tête avec les épaules. 

Opter pour un redresse-dos aide à corriger la posture, grâce à des bandes élastiques mises sous tension. Il en existe plusieurs et voici le guide pour comparer et choisir un redresse-dos.

Pratiquer les automassages à l’aide d’un rouleau. Une technique efficace pour diminuer les contractures musculaires le long de la colonne vertébrale.

Modifier son mode de vie 

10 000 pas par jour

Le corps humain est fait pour bouger. La marche régulière est recommandée en cas de douleurs cervicales. Pratiquée plusieurs fois pendant la journée, elle permet de sécréter des endorphines, des antidouleurs 100 % home made et naturels. Il serait dommage de s’en priver !

Limiter les écrans

Je vous vois venir : « Je ne peux pas, je travaille sur ordinateur. » Certes, les écrans font largement partie de nos vies, mais il est possible de mettre au repos ses yeux quelques secondes seulement. Le tout est de le faire régulièrement dans la journée. Toutes les 30 minutes, fixez un point loin devant vous. Si vous avez une fenêtre, c’est le moment de regarder les arbres au loin, car ça diminue le stress !

Modifier l’alimentation

Les effets bénéfiques de l’alimentation sur notre santé sont nombreux. Variez vos repas et prenez le temps de les manger. Choisissez des aliments aux propriétés anti-inflammatoires. 

Pour les personnes en surpoids ou en situation d’obésité, le recours à un nutritionniste est vivement conseillé pour viser une perte de poids efficace et durable. 

Soigner son sommeil 

Une bonne récupération physique et psychique est primordiale. Les hormones de cette régénération interviennent entre 22 h et 6 h du matin. Observez votre sommeil pendant plusieurs jours et trouvez un rythme pour le réguler. 

Diminuer le stress

Par des exercices de respiration, d’étirement ou de méditation, diminuez votre stress. Vous baissez au passage vos douleurs en augmentant la qualité de votre sommeil. Pensez aux applications de cohérence cardiaque pour vous aider. 

Bouger avec des exercices spécifiques de renforcement, de mobilité et d’étirements

Pour ceux qui aiment les défis, remettez-vous au sport. Commencez tranquillement avec des activités douces type yoga, Pilates, renforcement musculaire au poids de corps, vélo… 

Les recommandations sont de 30 minutes par jour, mais si votre mode de vie ne le permet pas, 3 à 4 séances de 30 minutes plus intensives par semaine feront l’affaire. 

Pour les personnes moins sportives, quelques exercices pour améliorer sa posture, simples et rapides à mettre en place, peuvent aider le corps à se redresser. Découvrez notre programme en ligne. 

Appliquer du chaud ou du froid

Pour ne pas s’emmêler les pinceaux, petit rappel technique : 

  • Si la contracture est musculaire, il vous faut du chaud pour détendre le muscle douloureux ;
  • Si la douleur concerne une articulation, préférez le froid pour soulager l’inflammation articulaire.

En cas de doute, demandez conseil pour ne pas faire d’impair. 

Gare à l’automédication 

Que celui qui n’a jamais pris un antalgique par lui-même lève la main ! 

Pourtant l’automédication peut s’avérer contre-productive. Saviez-vous que l’inflammation consécutive à une hernie discale est nécessaire pour sa réparation naturelle ? Se prescrire un traitement anti-inflammatoire est une pratique courante, alors que cette douleur active les cellules immunitaires chargées de réparer. Pas d’inflammation, pas d’autoguérison ! 

Cas d’infiltration et chirurgie possible

Dans des cas plus graves avec notamment des troubles invalidants, des solutions d’infiltration ou de chirurgie restent envisageables. Cette démarche se fait dans un parcours de soin médical coordonné par le médecin traitant et après avis de spécialistes du rachis. 

Ce qu’il faut retenir de cet article…

Les douleurs au cou sont fréquentes et touchent près de 70 % de la population française une fois dans leur vie. Pourtant, le rôle du rachis cervical est crucial. Par sa complexité, cette structure explique les nombreuses causes à l’origine des cervicalgies. De symptômes bénins à des troubles invalidants, il est important d’agir rapidement pour préserver votre dos. Des solutions simples existent comme mettre en place de petits exercices posturaux ou changer quelques habitudes de vie. Cela peut vraiment contribuer à diminuer vos douleurs. Il serait dommage de s’en priver ! 

Sources : 

Rééducation dans les cervicalgies non spécifiques sans atteinte neurologique

La colonne vertébrale (ou rachis) et ses ligaments | Dossier

Douleur du cou : quelles causes ? | ameli.fr | Assuré